mardi 23 novembre 2010

Critique | Mariah Carey - Merry Christmas II You

Merry Christmas II : The Return



L’Hiver, le temps du froid, de la pneumonie, des rhumatismes, mais aussi du retour en forme(s) de Mariah Carey. 3 albums en 3 ans, on pourrait avoir envie de shooter du papillon pour s’en venger, mais Noël, n’est-ce pas aussi la Saison des miracles? Ainsi après une décennie marquée par une grande malédiction frappant ses opus de flops proportionnels à la grrrrande bénédiction de ses obus, une double bonne nouvelle anime le Royaume Enchanté des Butterflyzz… La dinde est de retour et elle est déjà fourrée ! C’est un peu l’image que nous garderons d’elle en cette fin de décennie. 20 ans de carrière, 30 kilos en plus, 40 ans d’une vie vécue à l’envers, sage au commencement, putassière sur sa fin et sur la rédemption en ces périodes bénies. Fini la Pop pour ados, fini Weight Watchers, finie la course pour être in. C’était ça, ou se déguiser en Lady Gaga, on la félicite d’avoir fait le bon choix.

Merry Christmas II You est donc le deuxième opus de Noël de la Diva, annoncé comme traditionnel et autant en voix qu’en chair. "I took the picture [de la couverture de l’album] before I finished the album soooo, everything's fine" s’en amusait-elle lors de son interview chez Ellen. Une avancée majeure dans le temps puisque pour la première fois en 5 ans la pochette n’est aucunement un hommage poignant à ses seins, qui perdent au moins 2 bonnets par rapport à la pochette d’Obsessed l’an dernier. Non, Merry Christmas II You rivalise plutôt avec Glitter dans le nombre de couleurs criardes utilisées au centimètre carré, reprenant tout le mauvais goût dont les Américains sont capables. Un moyen peut être de nous détourner l’attention de l’énorme travail des ordinateurs de la NASA pour faire entrer cet astre énorme en entier sur une seule pochette, sans aucun débordement. L’amusement passé, on craint alors la lassitude, ou le manque de matière pour le revival d’un album de Noël. A-t-elle déjà donné? La magie opère-t-elle encore? Bilan sur Le Retour D’la Volaille.

A l’image de Memoirs Of An Imperfect Angel qu’elle annonçait comme un écho à sa discographie des années 90s, Merry Christmas II You nous donne cette impression d’une femme dont le cul sera toujours coincé entre 2 chaises, et l’on attend avec impatience que la chaise Pop cède sous son poids et disparaisse à tout jamais en Enfer (avec J-Lo et Tommy Mottola, et toi, Chron-hater, diraient les Lambs), à l’instar d’Obsessed qui devait promouvoir l’année dernière un album essentiellement RnB. Oh Santa, le premier single officiel, est résolument Pop et s’éloigne du projet initial de l’album, vocodé, surproduit, et crûment expédié dans le gosier des fans qui attendaient ce fameux successeur d’All I Want For Christmas Is You ; L’ironie fait que, 15 ans après sa sortie, le titre vieux de déjà 15 ans est en ce moment même 20 fois plus écouté à la radio que le single officiel qui au fil des écoutes ne s’avère pas mauvais mais définitivement périssable. Il en va de même pour sa reprise de Ce n’Est qu’Un Au Revoir (oui oui!), Auld Lang Syne, qui fera fureur dans les Karaoké et autres fêtes de camping. Enregistré en une prise, créé dans la foulée sans doute. Plus convaincant, le nouveau mix d’All I Want For Xmas, déroutant de par la différence de sa voix actuelle et de celle d’il y a 15 ans, mais demeurant un classique à part entière - le sien.

Cette étape laborieuse passée, la claque est énorme. Un esprit serein, jazzy, parfois gospel, parfois Old School envahit cet album en grande partie acoustique. Faire son âge ne lui aura jamais autant été, il n’y a que sous une forme que le bémol s’installe. Hé oui, le Chardonney ne pardonne pas ! Sa voix s’enfonce par conséquent bien souvent au fin fond de ses cavités nasales, et elle seule pourrait parvenir à déboucher ce trou là. Le sujet est définitivement dangereux et l’on se prend à espérer qu’elle reste enceinte encore une éternité (la gestation de la Baleine dépasse un an, après tout !) pour préserver ses cordes vocales en l’empêchant d’alcooliser son enfant. Cette déception passée, le revers de la claque arrive cependant bien vite puisque cette voix, si elle est Rihannesque, a repris du poil de la bête depuis Memoirs Of An Imperfect Angel et a retrouvé une agilité qu’elle avait perdu autant sur scène que vocalement. L’exemple parfait en est le duo avec sa mère, chanteuse lyrics, sur une reprise de Oh Come All Ye Faithful, ou le majestueux One Child. Un grand retour en arrière, puisqu’elle n’avait pas été en telle forme depuis The Emancipation Of Mimi, il y a 5 ans déjà.

Au-delà de l’esprit de Noël, c‘est surtout l’esprit de sa réelle motivation artistique qui vit en Merry Christmas II You, cette petite conscience qui lui disait : place I Wish You Well dans ton album Pop digne de Katy Perry chérie, histoire que tes sympathisants voient encore la lumière devant ta porte et ne désespèrent pas de te voir un jour mûrir et nous produire un album mature, teinté de blues, de Jazz, d’R&B Old School. Cette petite conscience qui lui disait, Mariah, pose ce Chicken Wings et va révéler tes gênes de black autrement, enregistre nous The Wind, Joy Ride, It’s A Wrap, Subtle Invitation dont toi seule a le secret. Cette petite conscience a explosé en elle (ben ça se voit, non?) et s’exprime enfin. Cet album sera un flop, sans doute, mais il sera surtout cette petite gâterie, cette récompense à nos prières avant qu’elle ne revienne dans quelques années, les seins 5 fois plus gros avec un tube Dance-Pop, les cheveux verts et un tatouage énorme sur la nuque.

Car oui pour l’heure, musicalement, Merry Christmas se dévore comme une compilation de ce qu’elle fait de mieux. Qu’il s’agisse de ses reprises, notamment O Little Town Oh Bethlehem et Charlie Brown Christmas. Un degré au dessus, on trouve un sample de Here Comes Santa Claus, délicieusement Old School si seulement on lui avait enlevé ces greulons et autres scintillements papillonnesques qu’on aurait rêvé de renvoyer chez E=MC². Mais le travail est le même, voire supérieur lorsqu’on écoute ses créations originales, pour les plus marquantes Christmas Time Is In The Air et One Child, la perle incontestée de l’album. Et là, la magie opère enfin. Mariah Carey n’est plus un tas de moqueries, de graisse, un objet has-been, lassant et usé, mais une marque de fabrique sûre et capable de nous offrir encore une bonne décennie de bonheur.

Santa’s gonna come and make it loud this Christmas,
15/20

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